Batman Arkham City – Une nuit à l’asile

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  En août 2009 sortait, au grand plaisir des fans de Comics, le magistral Batman : Arkham Asylum. Avec un gameplay maîtrisé de bout en bout et son système de combat « freeflow » jouissif permettant d’enchaîner les mandales en alliant technique, réflexes, gadgets et style, le soft se payait également le luxe d’offrir une mise en scène que certains qualifiaient à juste titre d’hollywoodienne. Alors certes, le jeu n’était pas parfait, et souffrait de quelques baisses de rythmes dues entre autres à la répétitivité de certaines situations et quelques allez-retours fastidieux. Mais entre la galerie de personnages époustouflante, les références qui taquinaient les fans à chaque détour des sombres couloirs de l’asile, et les éclairs de génie venant enrichir la narration (oui oui, je parle bien de notre ami l’Epouvantail!), Arkham Asylum décrochait haut la main la palme du must-have pour tous les amateurs de la chauve-souris, et de jeux d’action en général.

Et voilà que les petits gars de chez Rocksteady, les géniteurs inspirés de cette perle vidéoludique, remettent le couvert en cet an de grâce 2011 et nous servent une suite sobrement intitulée Batman : Arkham City. Et dire qu’on l’attendait la bave aux lèvres et le pad en mains depuis une éternité (du moins du point de vue d’un gamer) relève de l’euphémisme pur et simple.

 

UNE NUIT EN ENFER

Pour entrer dans le vif du sujet, exit l’asile d’Arkham étriqué, mais ça vous l’aurez compris à moins d’avoir consciencieusement évité toute image promotionnelle du jeu. Place donc à Arkham City, un quartier entier de Gotham réaménagé à l’occasion par l’angoissant Docteur Strange, pour le plus grand plaisir des détenus de la ville. Et là qui voilà? Notre playboy milliardaire préféré, j’ai nommé Bruce Wayne, entre en campagne pour faire fermer cette abomination. Ni une, ni deux, ledit Bruce (pas le notre, hein!) est incarcéré et se voit contraint de traîner ses guêtres et son smoking au milieu de la lie de l’humanité, ou en tout cas de celle de Gotham. Et le smoking, il va rapidement devoir le troquer contre des collants en lycra s’il veut pouvoir empêcher l’exécution du mystérieux Protocole 10 de Strange…

 Ça, c’est pour le pitch de départ. C’est rapidement résumé, je vous l’accorde, mais si la mise en scène est une fois de plus à couper le souffle, force est de constater que l’entrée en matière est plutôt brutale. C’est d’ailleurs entre les zones d’ombres et les non-dits que le joueur sera ballotté tout au long de l’histoire, pour finalement arriver au terme de la nuit la plus longue du plus grand (et du plus musclé) des détectives. Loin de gâcher le scénario, ces petites imprécisions, frustrantes de prime abord, ne font que mettre en ébullition l’esprit du joueur, qui prend plaisir à échafauder toutes sortes de théories sur la suite de l’aventure. Alors oui, une « révélation » en particulier peut paraître un tantinet décevante par rapport à l’attente qu’elle suscite – même si pour ma part, elle tombe à point nommé. Oui, certains personnages auraient mérité d’être mieux exploités. Mais si ce monde ouvert appelait un scénario plus décousu que celui de son prédécesseur, il faut reconnaître que Rocksteady ne cède pas à la facilité et nous offre un travail d’orfèvre, avec un monde riche, crédible et cohérent en tout point, doté d’un scénario loin des rebondissements capilotractés qu’on trouve parfois avec horreur dans les films hollywoodiens!

 

VOL AU DESSUS D’UN NID DE COUCOUS

Ce monde ouvert impliquait également de sérieuses modifications dans l’approche du gameplay, notamment dans les déplacements de Batman. Et il faut bien avouer qu’on prend un réel plaisir à survoler les rues délabrées d’Arkham City. De plus, le paysage urbain évoluant avec la progression de l’histoire – comprenez par là que ça ne va pas en s’améliorant -, vous penserez vos déplacements de plus en plus prudemment. Faute de quoi, vous vous retrouverez rapidement ad patres, une balle de sniper logée dans l’arrière train. Mais entre les coups de grappin, les vols planés et les plongeons en piqué, on est bluffé devant la vitesse à laquelle le Chevalier Noir passe d’un point à un autre, sans oublier au passage de terroriser les petites frappes qui pullulent dans la ville.

Les sensations en combat sont en effet jouissives, avec des ennemis plus variés, chacun nécessitant une technique particulière pour être vaincu, et on se surprend à tester un maximum de combinaisons de gadgets possibles pour venir à bout des belligérants avec classe – c’est à dire en prenant un minimum de coups. Les incontournables phases d’élimination discrète sont quant à elles moins nombreuses, et surtout moins artificielles, mieux amenées, et c’est une fois encore un vrai plaisir de se faufiler dans le dos, au dessus ou en dessous d’un sauvage armé jusqu’aux dents. Et oui, Batman sait s’adapter à toutes les postures (ahem)!

L’emploi du temps de notre héros se voit lui aussi sensiblement affecté par ce passage en open world, et il ne se passe pas deux minutes sans que l’on croise un joli point d’interrogation vert fluo, une silhouette étrange ou une personne en danger au détour d’une rue ou derrière un mur fragile. Seule ombre au tableau du gameplay, mais vous l’aurez sûrement lu ailleurs, les phases de recherche d’indices sont d’un intérêt tout relatif en termes de plaisir de jeu. Mais après tout, Batman est aussi un Detective Comics, non?

Et là, c’est le moment d’aborder le cas délicat de la féline Catwoman. Allons-y mollo pour commencer, de peur d’effaroucher la demoiselle… Le gameplay, bien que sensiblement identique à celui du justicier encapé, se voit adapté à l’équipement de la belle. Les quelques phases de jeu en sa compagnie ont beau ne pas être indispensables à la compréhension de l’histoire, elles permettent tout de même de visiter les lieux sous un autre angle, et on ne peut que rester bouche bée devant le soin apporté à l’animation de la voleuse, que ce soit en combat ou en vadrouille sur les toits. Bon d’accord, il y a un peu de fan service dans l’air… C’est là qu’on arrive aux choses qui fâchent. Vous l’aurez remarqué, Miss Kyle ne se laisse approcher que par les chanceux pouvant se permettre de payer le jeu plein pot, et boude tous ceux qui préfèrent se le procurer d’occasion. En d’autres termes, les développeurs ou le distributeur – mystère – ont choisi de priver les acheteurs d’occasion d’une partie du contenu de leur jeu. D’autres parallèles ont déjà été faits, mais cela revient à vendre une voiture d’occasion sans les freins… Mais le plus dur à avaler dans tous ça, c’est que ledit contenu manquant est accessible pour peu que l’on soit disposé à débourser une « petite » somme sur la boutique en ligne correspondante à votre plateforme de jeu préférée. Chacun en pensera ce qu’il veut, mais si le sujet vous intéresse – normalement, c’est le cas – cliquez ici

Mais nous sommes là pour parler d’un jeu pas vrai?

 

UNE CHAUVE-SOURIS DANS LE CLOCHER…

C’est donc là que vous êtes censés me dire : « Et les méchants, dans tout ça?! » Car oui, ce qui fait le cœur de l’univers de Batman, ce sont bel et bien tous les psychopathes qui jonchent le parcours de notre chauve-souris préférée, et qui prennent un malin plaisir à lui renvoyer en pleine face sa propre folie. Et c’est bien ça, le leitmotiv de ce jeu. La folie. La schizophrénie. Les esprits torturés. Aussi bien celui de Batman que de ses ennemis d’ailleurs. Et en tête de gondole, on retrouve évidemment la némésis du justicier, j’ai nommé le Joker, plus barré et plus sadique que jamais. Inutile de faire les présentations, je présume? Si le clown est une fois de plus sur le devant de la scène narrative, il est magistralement secondé par une ribambelle de vilains qui n’auront de cesse de pourrir la vie de notre héros.

Vilains qui sont d’ailleurs superbement incarnés par leurs doubleurs, le jeu bénéficiant d’une VF de qualité. C’est assez rare pour être souligné! Pour les grands noms, on retrouve donc Pierre « Doc Brown » Hatet dans le rôle du Joker et Philippe Peythieu, voix officielle du Pingouin et de Danny DeVito. Je ne citerai pas tout le monde pour éviter le spoil, mais sachez quand même qu’à la fin du jeu, les sonneries de téléphone vous feront grincer des dents, que vous ne ferez plus de patin à glace de la même manière, et que l’Epouvantail aura trouvé son digne successeur… même si la séquence en question n’égale pas le brio de la première rencontre avec Crane. La galerie de personnages est donc incroyablement riche, et vous pousserez probablement de petits gémissements de plaisir au fur et à mesure des rencontres, plaisantes ou non.

 

 Vous l’aurez compris, malgré une polémique venant ternir un parcours quasiment sans faute, Batman : Arkham City est tout bonnement mon coup de coeur du moment (et le premier depuis longtemps!). Beau, varié, dense, et simplement jouissif, il dispose de surcroît d’une durée de vie monumentale, pour peu que l’on se donne la peine de résoudre tous les casse-têtes de ce bon vieux Edward Nigma. La difficulté est bien dosée, avec son lot de passages calmes et de crises de nerfs. Même les boss ont revu leur copie, et proposent des affrontements intéressants, à défaut d’être palpitants – mais pour être honnête, c’est loin d’être le cœur du jeu. Le soft se paye même le luxe de redonner à un certain Mr.Freeze ses lettres de noblesse, après avoir été souillé par un film dont je ne citerai pas le nom (qui a dit Batman et Robin?). Et rien que pour ça, il vaut le détour!

Non, je ne suis pas objectif – mais qui l’est? Oui je pardonne aux quelques défauts inhérents au jeu. Mais soyez sûrs que vous auriez fait de même.

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