ATTENTION, L’ARTICLE CONTIENT DE NOMBREUSES PHOTOS A CARACTÈRE SEXUEL, CE QUI PEUT ETRE CHOQUANT POUR UN PUBLIC NON AVERTI. MERCI DE VOTRE COMPRÉHENSION.

Nobuyoshi Araki est sans conteste l’un des plus grands photographes de l’histoire, mais aussi l’un des plus prolixes avec plus de 200 ouvrages lui étant consacré. Il est né en 1940 a Minowa, une petite ville au nord d’Asakusa, dans laquelle il vécut jusqu’en 1978. Cette région, bordée par les collines d’Ueno, comporte de nombreux bordels, théâtres  cabarets, mais aussi cinéma. Le père d’Araki était un artisan commerçant, ce qui fait que l’artiste fut très tôt imprégné de la philosophie des enfants d’Edo, basée sur le respect du travail et l’amour de la famille, entres autres. Ses études, il les fera a l’université de Shiba, en tant qu’ingénieur spécialisé dans la photographie et l’imprimerie.

La première expo de Nobuyoshi Araki a lieu en 1999 au musée d’art contemporain de Tokyo, et comprend sa série la plus connue, « Voyage Sentimental », réalisée durant 5 jours pendant son voyage de noces, et qui comprend plus d’une centaine de clichés. Sa femme, Yoko, étant morte en 1990, cette série prendra une couleur de deuil pour l’artiste. Araki fait partie du courant de la photographie intime, qui se base sur la mise en scène du quotidien et de la vie privée de l’artiste, il en est même l’un des membres les plus éminent. Ce genre, s’est extrêmement développé dans les années 80, surtout aux USA, avec des artistes comme Nan Goldin, Larry Clark ou Sophie Call.

Les photographies de ce mastodonte de l’art japonais sont le plus souvent des coups d’oeil et non des mises en scène, surtout au début de sa carrière. Les modèles choisis pour ses nus sont rarement d’une grande beauté, ce qui rend plus criante leur vanité et leur faiblesses. Ses nus sont choquants, violents, crus, mais étonnamment beaux, de part l’absence d’artifice et le travail des nuances, de la lumière. La censure de la sexualité est souvent réalisée lorsqu’on parle d’images, mais pas de textes. Araki s’y est longuement opposé. Il n’a pas forcément tord, des fois. Allez lire du Ryu Murakami ou du Akiyuki Nosaka, vous comprendrez. Au japon, on masque souvent les zones génitales, même si cela tend a changer depuis les années 90. Araki a donc souvent eu affaire aux autorités pour ses expositions, mais il est devenu un photographe extrêmement populaire. Pour l’anecdote, il change souvent les caractères de sa signature (en katakanas), transformant ainsi Araki en Anarchie. Il fait de l’acte photographique une préoccupation existentielle, en s’opposant totalement au conformiste et a la retenue de son époque.

Nobuyoshi Araki isole les matières, avec des gros plans assez exposés, tirant vers des gris métalliques. Sur ses macros, l’oeil se perd, a le tournis, et la métaphore sexuelle contamine notre esprit, au point que l’on ne voit que ça, malgré les sujets variés (fleurs, sexes, corps, coquillages, tuyaux, insectes…). C’est très perturbant d’ailleurs. Ses photographies de femmes lors de scènes de bondage sont aussi très réputées.

Araki a une approche quasi animiste du monde et du corps. Son oeuvre comporte un ensemble de dispositifs récurrents destinés a créer de l’émotion, notamment au niveau des choix de lumière. Il n’y a pas besoin de 30000 polygones, et ça marche a chaque fois. Si il dérange, l’intensité émotionnelle dans ses photos est extrêmement forte, et peu on réussi a aussi bien capturer les relations entre sexe, mort et violence en photographie.