Ai Weiwei est sans contestation possible l’artiste le plus engagé de Chine. Son animosité contre le régime tiens de son histoire personnelle, ses parents et toute sa famille étant été déportés dans les camps de travail en 1957. Camp de travail dans lequel il restera jusqu’a ses 17 ans. En 1978, il intègre l’université de Cinéma de Pékin, puis participe à au mur de la démocratie, mais la condamnation de son animateur Wei Jingsheng à 15 ans de prison le dégoutté profondément de la vie politique. L’année suivante, il fonde avec un collectif d’artiste le groupe d’avant garde « les étoiles » puis part vivre a New York. Il exerce différents métiers, réalise des ready made. Il retourne à Pékin en 1993, se consacrant de manière beaucoup plus sérieuse à son art. Emprisonné en avril 2011, il est libéré le 22 juin. Son oeuvre étant immense, je ne ferai qu’un survol de ses créations.

L’oeuvre de Weiwei tient énormément de la provocation. Une provocation d’adolescent, dirons nous, inconsidérée. Vous le verrez au fil de ce post, Ai Weiwei dérange violemment le pouvoir chinois, qui comme je vous l’ai dit, l’a condamné pour « crime économique », et lui à interdit de sortir du territoire. Weiwei, c’est un photographe, musicien, architecte, artiste conceptuel, blogueur, adepte de twitter, un homme qui est sur tous les fronts. Il amène l’art dans la vie, a travers les réseaux sociaux, critiquant violemment le réel et les problèmes sociaux chinois. C’est aussi un artiste du paradoxe, qui renie le passé, le brise, l’insulte, tout en s’en servant constamment comme matériau de dénonciation. Il mêle la documentation passive et la provocation active en quelque sorte.

 

Il est extrêmement célèbre pour sa série des « Etudes de perspectives », connues sous le nom de « Fuck off ». Il prend en photo sa main, faisant un doigt d’honneur a la porte de la paix céleste. Il l’a aussi fait devant la maison blanche, dans le désert de gobi, devant la tour Eiffel… Le nom « Etude de perspective » renvoie à la manière dont on jauge traditionnelement la distance avec notre bras tendu et notre doigt. Le geste indique une position. Me voila, c’est là que je veux aller et a quelle distance ça se situe, faisant écho à la relation entre pouvoir social et liberté individuelle.

Voici ensuite deux oeuvres plus particulières. La première est l’immense fresque ci dessus, réalisée à Munich, et constituée de sacs d’écoliers. Elle à été crée suite à un événement dramatique, la mort de centaines d’enfants après un séisme en Chine, mort sous les décombres des écoles qui se sont écroulées. Une enquête révélera que les constructeurs des bâtiments étaient corrompus par l’état pour abaisser les coûts, construire plus vite et donc bâcler les travaux. Les bâtiments n’ont pas tenu, avec les conséquences que l’on connait. Ensuite, l’installation « sunflowers », composée de centaines de milliers de billes de porcelaines peintes, ayant l’apparence de graines de tournesols. Ces graines ont été réalisées par des artisans d’une ville historique de la production de porcelaine en Chine, une industrie vouée à mourir. On notera aussi la référence à une phrase de Mao, qui souhaitait que le peuple chinois se tourne vers lui comme les tournesols vers le soleil.

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