Aujourd’hui, seconde partie de « Révise ton bac d’art plastiques avec un cochon aviateur au nom imprononçable ». Toujours sur Tadashi Kawamata donc, artiste japonais unique et dérangeant aux yeux de beaucoup. Cet article présentera plus en détail le sens de sa pratique ainsi qu’une petite sélection d’oeuvres.

« Travailler in situ est vraiment important pour moi, pour arriver à comprendre une ville, petite ou grande, son système politique, sa situation économique. C’est toujours intéressant de prendre en compte tous les aspects d’un lieu. Travailler in situ, c’est arriver quelque part, sans idée préconcue pour ne penser qu’en rapport avec le lieu Le travail préparatoire n’est pas nécéssaire, vous prenez le temps d’ausculter l’endroit, de sentir ce qu’il s’y passe. A partir d’un espace circonscrit et de ses proches environs, vous retrouvez toutes les pulsations du monde ».

Tadashi Kawamata est un artiste qui cherche a faire en permanence le parallèle entre l’art et la vie. Il revendique la plein importance de l’expérience, source d’inventivité et de synergie avec le monde. Il fusionne avec ses collaborateurs, les invitant a faire des suggestions, a agir dans la réalisation de l’oeuvre. Si l’art ne prend pas naissance dans l’expérience, il n’a, a son sens, plus d’intérêt. Le coté inachevé de ses oeuvres oppose Kawamata a la création artistique traditionnelle. Chaque oeuvre est la continuation d’une précédente, comme si elle découlait d’une action unique. Les seules choses fixées d’avance sont la date du vernissage et le lieu d’exposition. Autrement, Kawamata est un artiste de l’improvisation, en fausant l’expérience du lieu, a partir de laquelle il va choisir ce qu’il va réaliser, avec les matériaux qu’il trouve sur place.

Tree Huts est une série de 2010. Ce sont de petites cabanes, très archaiques, rappelant des construction d’enfants, installées dans les auteurs de différents endroits, comme des greffes bricolées invitant le spectateur a prendre de la hauteur. Ces cabanes sont totalement improvisées. Légères et aériennes, elles contrastent fortement avec les environnements d’accueil.

La pratique de l’artiste est principalement éphémère. A ses yeux, la mémoire est souvent plus forte que la simple vision du réel. Il est impossible de faire une rétrospective de l’oeuvre de Kawamata, et lui même ne le souhaite pas. Il ne se considère pas comme un véritable artiste, mais plus comme un sujet de discussion. Ses oeuvres touchent, scandalisent, mais restent dans la mémoire des gens, toujours, circulant de manière perpétuelle dans le flux du monde, car elles ne sont pas restreintes au cadre muséal et agissent directement sur la vie. Il participe également d’une certaine remise en cause du statut de l’artiste, par l’aspect éphémère de ses oeuvres. Souvenons nous que contrairement a l’occident, la tradition artistique, au Japon, n’est pas institutionnalisée, les écoles n’étant apparues qu’a la fin de l’ère Meiji. Kawamata ne pense pas que l’artiste soit ce génie hors du commun, supérieur a la masse. Il ne pense pas etre un sauveteur social, mais juste quelqu’un qui fait ce qu’il souhaite faire.

Project For Roosevelt Island date de 1992. Cette île, en face de Manhattan, contenait un hopital en ruine datant du XIXe, et abandonné depuis 1950. Kawamata a réalisé une immense construction, afin de redonner de l’intérêt a un lieu oublié. Une sorte de tristesse et de mélancolie en ressort, d’autant plus que l’hopital a été rasé depuis.

Le matériau central de Kawamata est le bois, je pense que vous l’avez remarqué, a force. Et il l’a choisi plus pour sa facilité de maniement que pour son esthétique. Il n’a pas d’immenses moyens matériels, ce qui le différencie denombreux land artistes. Si l’on veux interprèter, on reliera le bois a Hokkaido, son île natale, recouverte de forêt, et au boudhisme, dont une des caractéristiques est l’impermanence (les deux autres étant l’insatisfaction et l’impersonnalité).

Voici l’oeuvre Favelas. Elle suit le projet FieldWorks, a Mito, aux Etats Unis, Il avait alors construits de petites cabanes précaires, a la manière des « habitats » de SDF, dans des espaces délaissés. Lorsqu’il visite les favelas brésiliennes, il est marqué par la volonté de vie de la population. Il crée alors la série des Favelas, qui fera scandale de part son contraste avec l’environnement d’exposition.