Durant l’ère Meiji, la photographie à très souvent été dénigrée, les peintres ayant acquis leurs lettres de noblesses dans leur faculté à dominer la machine. La photographie Japonaise se résumait alors aux photographies officielles, scientifiques ou commerciales. Complètement dominés par la peinture, les artistes ont crée, malgré eux, un mouvement nommé le pictoralisme. Le pictoralisme, c’est la reprise en photographie des codes de représentation et de composition picturaux. Au Japon, cela se manifeste jusqu’a la fin des années 1920, avec la distinction entre yoga et nihonga (oui oui, on change pas une équipe qui gagne).

La photographie nihonga supprime la profondeur de champ et ne propose qu’une vision fragmentaire des objets, avec des fonds unis, et le contraste est augmenté pour donner un effet de frontalité. La photographie Yoga va travailler le grain et les nuances de gris pour transmettre la plasticité des objets. Cette photographie est souvent réaliste, et privilégie les scènes de groupe et les paysages.

Le premier artiste à rompre avec cette « tradition » fut Fukuhara Shinzô. Au départ peintre, il s’orienta vers la photographie en autodidacte. Il contribua à réintégrer le peintre dans un cycle de production industriel et favorisa la naissance du graphisme moderne, avec des artistes comme Sugiura Hisui.

La photographie japonaise n’a jamais réussie à se frayer un chemin dans le sillage de la peinture, ne serait-ce que par le fait qu’elle ne parvint pas à rentrer au salon officiel. Les artistes abandonnèrent alors la rivalité frontale, pour se concentrer sur la diffusion à travers les revues et les magazines. Parmi les revues marquantes, on retiendra « Kamera », en 1921, ou « Nippon ». Et parmi les grands photographes des années 20-30, on retiendra des artistes dont certains travaux sont ci dessus, comme Natori Yonosuke, Domon Ken, Fujimoto Shihachi, Kimura Ihee et Miyauchi Kotaro.